Reconditionnement artisanal du sel et de l’huile à Sarfalao : entre pratiques courantes et défis nutritionnels

Le Club des Journalistes et Communicateurs pour la Nutrition et la Sécurité Alimentaire (CJCN-SA) a effectué une sortie terrain au marché de Sarfalao, dans le secteur 17 de Bobo-Dioulasso le samedi  24 mai 2025. L’objectif de était de constater de visu les conditions de vente et de reconditionnement  du sel  et l’huile.

Sur les étals, ces produits sont proposés en détail dans des contenants souvent de récupération, sans indication claire sur leur qualité nutritionnelle ni respect strict des normes sanitaires. L’huile est  versée dans ces bidons  à l’aide d’un entonnoir et le sel conditionné dans des sachets plastiques. Une situation préoccupante, selon les membres du CJCN-SA et les spécialistes de la nutrition ayant participé à cette mission.

Dans ce marché , les commerçantes, à l’image de Mamounata Sanou, vendent l’huile végétale reconditionnée dans des bouteilles recyclées  souvent des flacons de jus, d’eau minérale ou de boisson gazeuse, toujours munis de leurs étiquettes d’origine. Impossible, à vue d’œil, de savoir si l’huile est enrichie en vitamine A, élément pourtant crucial pour la prévention des carences.  Elle achète ses bidons de 25 litres entre 17 500 et 19 000 francs CFA auprès de grossistes. « Je vends le litre à 1 000 francs, 550 le demi-litre et 250 le quart », a-t-elle indiqué.

Mamounata Sanou, vendeuse d’huile

À quelques mètres, Zénabo Ouédraogo propose du sel, conditionné en petits sachets plastiques. Elle achète le sac de sel au grand marché à 3 750 francs CFA. Pour écouler ces produits, elle les  revend en petites quantités à 600 francs le kilogramme et 300 francs le demi-kilogramme. « Il y en a aussi pour 150 francs CFA. C’est du bon sel qui est bien blanc », a-t-elle fait savoir.  Pour s’assurer de la qualité, elle se fie à l’image imprimée sur le sac d’origine.« Quand je vois le dessin  d’un homme avec son enfant, je sais que c’est du bon sel. Il y a des sacs avec des écritures vertes, mais le dessin de l’homme et son enfant est absent.», a-t-elle confié. Pourtant, sans analyse chimique ni emballage officiel, rien ne garantit que ce sel contient la dose recommandée d’iode.

Zénabo Ouédraogo vendeuse du sel

L’Huile et sel sont vendus à l’air libre, sans protection contre la chaleur ni l’humidité. Une situation qui compromet  leur qualité nutritionnelle, comme l’a souligné Jacqueline Bationo/Dindané, nutritionniste à la Direction de la nutrition du ministère de la Santé . « Ces produits sont reconditionnés dans des bouteilles usagées dont on ignore la propreté. On ne peut pas, à l’œil nu, déterminer s’ils sont enrichis en vitamine A ou iodés. Or, c’est essentiel pour prévenir certaines carences nutritionnelles », a-t-elle expliqué.

Jacqueline Bationo/Dindané, nutritionniste à la Direction de la nutrition

Elle à plaidé pour une responsabilité partagée entre commerçants, producteurs et autorités sanitaires. « Il faut offrir des formats plus petits, accessibles financièrement, pour que l’huile enrichie ou le sel iodé soit vendu directement dans des contenants adaptés. En attendant, les commerçants doivent au moins utiliser des contenants propres et protéger les aliments du soleil », a-t-elle recommandé.

Issa Ouattara, coordonnateur adjoint du club appelle les autorités à réguler davantage la vente de produits reconditionnés.« Nous avons constaté des conditions de stockage inacceptables. Il est temps que les autorités interviennent pour réguler le reconditionnement et garantir la qualité des produits alimentaires. Il en va de la santé des populations. », a-t-il déclaré.

Issa Ouattara, coordonnateur adjoint  du CJCN/SA

Malgré les manquements constatés, le CJCN-SA note des efforts à saluer, notamment la prise de conscience de certaines commerçantes qui cherchent à fournir des produits de qualité. Cette visite du CJCN-SA au marché de Sarfalao servira de base à un plaidoyer plus large en faveur d’une meilleure régulation du reconditionnement des produits alimentaires et d’une sensibilisation  des acteurs de la chaîne de distribution.  « Le bidon nous a été présenté et il y a le logo enrichi. Tout cela témoigne de la prise de conscience au niveau des populations notamment, chez les vendeuses qui essaient à leur manière de fournir des aliments de qualité, selon les recommandations. Ce que nous avons vu ici nous montre l’urgence d’agir. Cela peut servir de point de départ à une réflexion n », a-t-il indiqué.

Cathérine KOURAOGO

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *