Les jardins scolaires : un outil d’apprentissage et de nutrition au Burkina Faso

Dans plusieurs écoles primaires du Burkina Faso, la terre devient un véritable outil d’apprentissage. À Dafinso, Banlo et au complexe scolaire communal de Bangre Veenem de Youlou ‘’ La Lumière du Savoir’ ’situé respectivement dans les régions des Hauts-Bassins, du Sud-Ouest et du Centre-Ouest, des jardins nutritifs scolaires transforment le quotidien des élèves. Ces potagers, cultivés collectivement, nourrissent les cantines, renforcent les apprentissages et mobilisent l’ensemble des communautés éducatives.
Située à 18 kilomètres de Bobo-Dioulasso, l’école primaire bilingue de Dafinso se distingue à plus d’un titre. Outre l’enseignement en français et en dioula, l’établissement dispose depuis plusieurs années d’un jardin nutritif de 900 m², soigneusement organisé en planches rectangulaires. Ce jardin approvisionne la cantine scolaire en légumes et céréales produits localement. Concombres, haricots, arachides, oseille, amarante (boramburu), gombo, épinards, moringa et autres plantes locales y poussent sans engrais chimiques. En cas de surplus, les produits sont vendus au marché pour acheter du matériel scolaire. « Le jardin est un prolongement de la salle de classe. Les élèves y apprennent la géométrie à travers les tracés de planches, la biologie à partir des cultures et la gestion avec les ventes des excédents. » a expliqué la directrice de l’établissement, Rachelle Traoré /Kam. Selon elle, chaque classe, de la première à la cinquième année, les enseignants, ainsi que l’Association des parents d’élèves (APE) et les animatrices communautaires disposent d’une parcelle attitrée. Cette répartition renforce l’engagement et la responsabilisation des enfants.

Rachelle Traoré Kam, directrice de l’école primaire bilingue de Dafinso
L’école a bénéficié de l’appui du projet «Lait et Cantine Scolaire» mis en œuvre par l’ONG GRET. Grâce à ce partenariat, l’ancien forage a été transformé en château d’eau, une fosse fumière a été installée, et la clôture du jardin sécurisée.

Honorine Sanou, responsable de la cantine
La responsable de la cantine, Honorine Sanou, souligne que les produits récoltés sont directement utilisés pour la préparation des repas. « Les produits de notre jardin sont utilisés pour varier et améliorer la qualité de l’alimentation des élèves », a-telle soutenu.
L’Association des parents d’élèves (APE) accompagne l’école dans la mise en œuvre du jardin nutritif. Pour Tahirou Sanou, président de l’APE ce jardin a un impact concret sur l’alimentation des enfants. « C’est grâce à l’APE que l’école primaire de Dafinsô a débuté le jardin. Nous avons parcellé et aménagé le site pour le potager », explique-t-il. Il affirme qu’après la vente, les revenus de la production sont répartis entre la caisse de l’APE et celle des enseignants. », a -t-il notifié avant de poursuivre qu’après la vente, les revenus de la production sont répartis entre la caisse de l’APE et celle des enseignants.
Banlo, un modèle de cantine endogène dans le Sud-Ouest
À environ 30 kilomètres de Gaoua, dans la commune de Bouroum-Bouroum, l’école primaire publique de Banlo s’inscrit elle aussi dans cette dynamique. Depuis 2021, l’école dispose d’un jardin scolaire de 750 m², mis en place avec l’aide d’un projet partenaire.

Sous la supervision du directeur Lièr Yir Somé, les élèves, accompagnés par les parents d’élèves, cultivent de nombreuses variétés : amarante, feuilles de haricot, oseille, moringa, piment, oignon, tomate aubergine, et même quelques plants de baobab. Le jardin scolaire entretenu par les élèves, leurs parents et les enseignants permet non seulement de renforcer la cantine mais aussi de servir de support pédagogique. « Ce jardin même est un champ école parce que nous utilisons ce jardin pour nos cours dans les classes. On peut dire que l’on répond à l’initiative pédagogique que le gouvernement a initiée cette année et toutes les écoles devraient œuvrer dans ce sens à avoir au moins un jardin afin d’accompagner la qualité nutritionnelle des enfants. », a notifié le directeur.

Lièr Yir Somé, directeur de l’école primaire publique de Banlo
Noufé Bêbê Mifaaré, élève en classe de CM2, dit arroser le jardin pour avoir des condiments pour alimenter la cantine scolaire. Cette tâche est répartie entre tous les élèves, qui s’en occupent chacun à tour de rôle, chaque matin et chaque soir.
«Oui nous sommes contents quand on arrose le jardin. », confie-t-il avec fierté.
Le complexe scolaire communal de Bangre Veenem de Youlou, « La Lumière du Savoir », est doté d’un jardin scolaire qui s’étend sur 2 250 m². Ce complexe éducatif est composé de quatre entités à savoir le lycée, la petite enfance, l’école classique et le Centre d’éducation de base non formelle (CBNF). C’est d’abord l’école classique qui a initié ce projet il y a plus de quatre ans, en cultivant diverses plantes locales. Depuis, les autres structures du complexe ont rejoint l’initiative. A entendre Olivier Kaboré, directeur du CBNF de Youlou on y retrouve des cultures comme la laitue, les épinards, les oignons, l’oseille, le haricot ou encore les courgettes. De la préparation du terrain jusqu’à la récolte, les élèves sont impliqués. Ils apprennent à tracer les planches, faire le compostage, semer, arroser et récolter. Également les parents sont impliqués. La production du jardin est utilisée dans la cantine endogène. Les légumes récoltés sont partagés autour d’un repas communautaire entre élèves, enseignants et parents. Parfois, une partie est également vendue pour alimenter la caisse commune du complexe.

Selon la Directrice de l’école classique, Korotoumou Zougba / Sanfo, le complexe manque d’arrosoirs, de matériel d’irrigation et surtout de canalisation d’eau, ce qui rend l’arrosage difficile pour les enfants. Pour terminer, elle a souhaité avoir une canalisation pour pouvoir exploiter tout le jardin.
Cathérine KOURAOGO